Écosystème naturel

A l’image des zones humides des côtes ouest-africaines, l’écosystème du lac Nokoué présente un biotope enrichi et une biocénose fortement diversifiée.

Biotope

Les ressources en eau du Lac Nokoué proviennent de différent bras du fleuve Ouémé qui lui-même prend sa source dans la partie septentrionale du pays. Les apports de la rivière Sô ainsi que celui de la lagune de Porto/Novo permettent de maintenir le régime hydrographique du Lac Nokoué. C’est le plus important plan d’eau de la bande côtière du Bénin. Conséquence des crues et de l’augmentation des précipitations annuelles, le trop plein à contraint l’administration à réaliser dès 1885 le chenal de Cotonou pour communiquer le Lac Nokoué avec l’Océan Atlantique afin d’y évacuer ses eaux. Ce canal initialement de 4 Km de long et 2m de large a vu sa largeur passé au fil des ans à 450 m sous la pression entropique et de l’inertie de l’eau. Le Lac couvre les Communes lacustres de Sô-Ava et des Aguégués mais il borde également les Communes côtières telles que Abomey-Calavi, Cotonou et Sèmè Kpodji.
Le fond du lac Nokoué présente un lithofaciès diversifié provenant de la destruction des roches cristallines des terrains granito-gneissiques du Nord transportées par le fleuve Ouémé, ou de l’érosion du bassin sédimentaire côtier. On distingue :
• les formations sableuses qui abondent le long des rives ;
• les formations vaseuses qui constituent le faciès le plus rependu.
Elles proviennent du limon apporté par le fleuve Ouémé, les eaux de ruissellement et de la décomposition des branchages d’acadja et d’autres formations végétales. C’est un sol hydromorphe favorable à la culture. On y trouve également des graviers de grès arrachés au continental terminal. Ces divers lithofaciès se reposent sur différents types de sols qui conditionnent la végétation des berges du Lac Nokoué.

Biocénose

- La Flore

Selon Texier et al. (1980), la flore du lac Nokoué est classée en deux groupes : les espèces des zones périodiquement inondées et les espèces des zones inondées. Les espèces des zones périodiquement inondées sont classées en deux sous-groupes :
Celles qui supportent les changements de salinité ; dans le lac Nokoué les principales sont Paspalum vaginatum, Cyperus articulenius et Typha australis, Phragmites australis.
Celles qui ne se développent qu’en eau douce, Eichornia crassipes, Crotalaria retusa, Penisetum palystachion et Pista stratiotes.
Par ailleurs, les mangroves sont des plantes uniques qui se sont développées pour survivre dans l’interface entre la terre et l’Océan dans le climat humide des tropiques et des zones subtropicales. Elles sont décrites de manière diverses comme régions boisées côtières, forêt tidale et forêts de mangroves, et elles poussent comme des arbres jusqu’à 40 m de haut.
C’est la végétation des palétuviers qui se sont adaptées à des conditions de vie particulière offerte par la mangrove. Les espèces végétales caractéristiques sont le Palétuvier rouge (Rhizophora racemosa) et Palétuvier blanc (Avicennia germinans). Ce sont des associations d’espèces ligneuses halophytes pouvant vivre sur des sols anaérobies caractérisés par une humidité maximale. De nombreuses autres espèces ligneuses sont tout de même associées à ces espèces caractéristiques à savoir : le Drepanocarpus lunatus, Raphia hookeri, Bambuseae sp etc.

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Végétation de palétuvier, mangroves

Le problème de la Jacinthe d’eau
La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) est une plante d’origine latino américaine qui a été importée vers les côtes de l’Afrique de l’ouest au début du XXème siècle en tant que plante ornementale. En raison de sa très grande capacité à produire de la biomasse (jusqu’à 200 tonnes de matière sèche par hectare et par an), cette plante est devenue très envahissante dans toute la sous région. Elle envahit les lacs et les cours d’eau du site RAMASR 1018 au sud est du Bénin et cause diverses nuisances, tant pour l’environnement que pour les populations locales. Le lac Nokoué et la lagune de Porto Novo dans la base vallée de l’Ouémé sont les plus enclins aux nombreux problèmes relatifs au transport fluvial, à la biodiversité et aux ressources halieutiques.
En effet, en communication avec le milieu marin à travers le chenal de Cotonou, le trop plein de lac Nokoué pendant la période humide (juin à décembre) est déversé dans la mer. C’est la période propice au fleurissement et à l’expansion de la jacinthe d’eau, rendant difficile voire impossible la navigation. Les activités économiques tournent au ralenti soumettant les populations au bon vouloir de la nature. Pendant la période sèche (janvier à mai), le lac Nokoué et les cours d’eau du complexe sont à l’étiage accompagné de l’intrusion marine. L’augmentation de la salinité du lac Nokoué assèche la jacinthe d’eau entraînant la réouverture des canaux et la reprise des activités. En absence d’une politique efficace de contrôle et de gestion des nuisances de la jacinthe d’eau, les communautés du lac Nokoué sont soumises à une régulation naturelle.
Cependant, nombreuses recherches ont été entreprises afin de tenter de l’éradiquer, telles que la lutte chimique, physique ou biologique, mais les résultats obtenus ne sont pas satisfaisants. Des expériences ont montré que la jacinthe d’eau peut servir à fabriquer du biogaz, à absorber les éléments polluants dans les stations d’épuration des eaux et à produire du compost.
Mais ces différentes possibilités nécessitent de budgets assez conséquents. Dans le contexte des peuples du lac Nokoué, la transformation de la jacinthe d’eau en compost semble être l’alternative la plus plausible.

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Problématique de la Jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes)

- La faune

La faune domestique est composée de bovins, porcins, ovins et de volailles généralement en divagation. La faune aquatique comprend : les mollusques (huîtres, tarets), les crustacés (crabes, crevettes, etc..) et les poissons qui constituent la faune ichtyologique. La faune ichtyologique est extrêmement abondante et variée. En effet, les inventaires réalisés au niveau du lac Nokoué entre 2000 et 2001 révèlent la présence de 51 espèces de poissons réparties en trois grandes familles : espèces marines, espèces d’eau douce et espèce lagunaires. De même, On y rencontre espèces de poissons (Tilapia zilii, Sarotherodon melanotheron, Silurus glanis etc.), de crabes (Cardiosoma armatum, Aratus pisoni, Ucides cordatus etc.). La faune aviaire quand à elle est composée d’environ 127 espèces d’oiseaux migratrices et locales en 2004 dont certaines sont rares (Héron Bihoreau, Astrild du Niger, Aigrette ardoisée, Martin-pêcheur Pie, Martin-pêcheur Huppé, Echasse Blanche, Vanneau éperonné etc.) On y retrouve des mammifères en danger inscrits sur la liste rouge de l’UICN telles que le Sitatunga (Tragelphus spekei), la Lamantin d’Afrique (Trichechus senegalensis).

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Aigrettes au bord du lac

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