L’initiative de la réserve intercommunautaire du grand Nokoué
La Réserve Intercommunautaire du Grand Nokoué est une initiative des communautés des communes des Aguégués, Sô-Ava et Sèmè-Podji au Bénin avec l’appui de BEES ONG, du FFEM, de l’UICN Pays Bas, et du CeNAGREF dont la vision est de faire « d’ici à 2028 du Grand Nokoué, un écosystème conservé, restauré et géré durablement tout en assurant le maintien des services écosystémiques au profit des communautés locales des trois communes riveraines ».
Le complexe Lac Nokoué, Lagune de Porto-Novo, rivière Sô et le fleuve Ouémé constitué en Réserve Intercommunautaire du Grand Nokoué est l’écosystème à la fois le plus peuplé et plus productif du Bénin. Ensemble avec le moyen delta, il couvre près de 200 000 ha de plaines inondables et marécages ainsi qu’une biodiversité unique qui lui vaut d’être classé site RAMSAR 1018. Sa population dominée par les groupes ethniques Toffin et Ouémè est d’environ 385 810 habitants (RGPH 4) et pratique majoritairement la pêche, l’agriculture et accessoirement le commerce. Ces populations ont développé au fil des années, une forte dépendance vis-à-vis des ressources en eau du delta et des services écosystémiques associés.
En effet, les plans d’eau de la Réserve regorgent d’importantes ressources de faune et de flore dont dépendent les populations riveraine pour la pêche, l’agriculture, la collecte de plante médicinale et de Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL). Les communautés en général et tout particulièrement le groupe socio-ethnique « Toffinu » installé au cœur du Lac Nokoué dans la Réserve Intercommunautaire du Grand Nokoué ont une culture très attachée à la pratique de pêche et ont au fil des années, introduit diverses techniques pour compenser la décroissance des rendements de pêches. Par ailleurs, la démographie galopante et l’avancée du front agricole d’une population en quête de bien-être économique et social exercent une pression de plus en plus forte sur ces vastes superficies naturelles de plaine d’inondation bien boisées, verdoyantes et riches en biodiversité.
Ainsi, la mise en place de cette Réserve gérée par les communautés est une contribution majeure à la gestion durable des ressources naturelles et l’amélioration des moyens de subsistance des communautés. Prioritairement, la restauration des forêts de mangrove favorisera a long terme, non seulement la sécurisation des terres agricoles par la lutte contre l’érosion, mais constitue également une gage de l’accroissement des rendements de pêche à travers l’empoissonnement naturel des cours et plans d’eau de la réserve, une conséquence directe du rôle de protection et de conservation des aires de repos biologique des espèces halieutiques. L’axe du développement et de promotion de l’écotourisme est également une alternative communautaire de valorisation du patrimoine naturel et culturel de la Réserve. S’agissant de la prise en compte des personnes défavorisées (jeunes, femmes et personnes âgées) dont la vulnérabilité est due aux facteurs sociaux, sanitaires et économiques, des Activités alternatives Génératrices de Revenus (AaGR) et la valorisation des PFNL constituent des sources de revenus tangibles indispensables pour l’épanouissement de cette couche sociale. L’érection de la Réserve Intercommunautaire du Grand Nokoué est au vu de ces avantages, un outil intégré de promotion et de valorisation des ressources locales pour non seulement la protection de cet écosystème particulier, mais également un levier de développement harmonieux des communautés riveraines de la Réserve.
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